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Un levier économique pour les communautés

Dans le nord du Lac-Saint-Jean, un modèle de foresterie communautaire permet de générer d’importants revenus pour les petites municipalités, tout en favorisant l’acceptabilité sociale.

29 septembre, 2021  par Guillaume Roy


Michel Bouchard, d’AGIR, discute avec un des opérateurs sur le terrain, dans une forêt de proximité. Crédit guillaume Roy

L’an dernier, ce modèle d’économie sociale, qui est un moteur de développement pour les petites municipalités, a permis d’investir 418 113 dollars dans 50 projets communautaires. Ce montant est redistribué entre 11 corporations locales de développement, qui ont reçu entre 16 000 et 107 000 dollars, un montant énorme pour des petites municipalités, dont certains comptent à peine quelques centaines d’habitants, souligne Marc Laprise, un citoyen de Saint-Stanislas.

Par exemple, des sommes ont été investies dans l’aide alimentaire, dans un centre de jeu, dans une bibliothèque municipale, dans un centre d’escalade ou pour un parcours d’hébertisme pour les jeunes.

Plus de 25 ans après sa mise en place, le modèle développé par les corporations, qui a été soutenu par le milieu, est devenu une source de fierté. « Les gens voient souvent le côté négatif de la foresterie, qui n’a pas toujours bonne presse. Pour nous, la forêt est une ressource qui peut être bien aménagée, de manière durable, tout en étant une bonne source de revenus », ajoute Marc Laprise, un des hommes qui a fait partie des initiateurs du concept.  

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L’idée de gérer la forêt différemment est née dans les années 1990, quand le CLD Maria-Chapdelaine avait lancé des consultations pour revitaliser les communautés, souligne Marc Laprise. « On a proposé de créer des corporations locales pour dégager davantage de revenus avec les forêts municipalisées et pour éviter qu’on se retrouve avec un jardin de souche au bout du rang », dit-il. 

Des corporations ont alors été créées dans huit municipalités forestières et ces dernières ont entamé des pourparlers avec les industriels forestiers de l’époque, dont Produits forestiers Alliance. « On leur a proposé un partenariat gagnant gagnant pour la gestion de la forêt habitée, note Marc Laprise. Pour eux, c’était une bonne opportunité pour éviter les conflits avec les citoyens et pour nous, ça nous permettait de générer des revenus pour investir dans des projets communautaires ». 

Au départ, les corporations locales ont obtenu des volumes « historiques », qui ont été renouvelés d’année en année, d’environ 83 000 mètres cubes. Ces volumes récoltés résultent d’une entente de gré à gré ou l’industrie permet aux corporations de gérer la récolte sur des territoires sous garantie d’approvisionnement et ils se trouvent à l’extérieur des terres publiques intramunicipales sous convention de gestion territoriale gérée par les MRC.

Selon Pierre Cormier, le vice-président foresterie et opérations forestières pour Produits forestiers Résolu, qui était aux premières loges lors de sa mise en place, le modèle de foresterie communautaire est gagnant pour tous. « Ça facilite l’acceptabilité sociale au sud tout en générant davantage de retombées pour les communautés », dit-il. 

« L’industrie nous a donné opportunité d’affaires, note Michel Bouchard. On gère l’organisation comme une entreprise privée, mais au lieu de remettre des dividendes aux actionnaires, on verse des contributions sociales aux corporations locales ». 

Au fil du temps, l’entente informelle avec l’industrie s’est poursuivie, et elle a même été bonifiée, si bien qu’AGIR, qui agit comme entrepreneur général forestier sur les chantiers, récolte désormais plus de 190 000 mètres cubes par année. L’an dernier, AGIR a réalisé 14 contrats de récolte avec Produits forestiers Résolu, un avec Remabec et deux avec Norbord, dont un pour la récolte et un autre pour la voirie. Selon Michel Bouchard, le directeur général de l’Agence de gestion intégrée des ressources (AGIR) depuis ses débuts, l’ouverture des fonctionnaires à Québec a aussi facilité la mise en place de ce modèle de foresterie communautaire unique au Québec. 

Étant donné que les forêts sont récoltées et aménagées en fonction des besoins du milieu et des différents utilisateurs, l’acceptabilité sociale est beaucoup plus grande, estime ce dernier. « Il y a un sentiment de confiance qui s’est bâti », dit-il. « Quand les gens ont des questions, ils peuvent les poser directement aux représentants des conseils d’administration des corporations pour avoir des réponses et pour faire connaître leurs préoccupations », renchérit Marc Laprise, qui est le président d’AGIR depuis 2008. 

Il y a trois ans, AGIR a décidé d’ouvrir son membership afin d’inclure quatre nouvelles corporations municipales dans les villages pour maximiser les retombées économiques dans le milieu. Les 12 corporations sont administrées localement par plus de 85 bénévoles. 

Au final, la possibilité forestière est récoltée et le bois est livré à l’usine, mais les retombées dans les communautés sont beaucoup plus grandes. 

Même sans le titre officiel de forêt de proximité, Michel Bouchard estime que le modèle développé dans la MRC Maria-Chapdelaine est un modèle de développement pour les communautés. 

Plus petits parterres de qualité
Au lieu de miser sur de vastes parterres de coupe, AGIR planifie la récolte sur de petites superficies tout en tenant compte de différents utilisateurs sur le territoire. Cette approche force les entrepreneurs forestiers embauchés par AGIR à déplacer leur machinerie plus souvent, ce qui entraîne des frais, mais ces derniers y trouve tout de même leur compte. « Le bois est plus gros par ici, ce qui nous permet de faire des opérations rentables », souligne André Fortin, propriétaire de Forestiers AD Fortin, qui apprécie la qualité de vie des opérations de proximité, car il peut dormir chez lui tous les soirs. 

L’opérateur de l’abatteuse, William Fortin, 24 ans, apprécie particulièrement la proximité de chez lui. « Je n’avais pas le goût d’aller bucher dans le bois, dit-il. Je veux rester près de chez nous ». 

De plus, la proximité avec les patrons d’AGIR permet de prendre des décisions rapides, et ainsi, d’être plus efficace, note André Fortin. 

Dans ses opérations au sud, avec AGIR, ce dernier travaille avec deux abatteuses Tigercat 845 et 855 munies de têtes Ponsse H7. Au moment de la visite d’Opérations forestières, l’entreprise utilisait un transporteur Ponsse Elephant, qui allait être remplacé par un Ponsse Elephant King. Ce transporteur a été rapatrié des opérations de Forestiers AD Fortin, plus au nord, pour PFR, car l’entreprise a opté pour un modèle plus gros, le Tigercat 1085, avec un panier de 24 tonnes. 

Au début du mois de juillet, Forestiers AD Fortin opérait à une dizaine de kilomètres au nord de Saint-Edmond-Les-Plaines, dans un secteur ravagé par la tordeuse des bourgeons de l’épinette. « On fait la récolte dans le cadre d’un plan spécial du ministère, mais au lieu de faire un seul grand parterre de coupe, on fait plutôt de la récolte par mosaïque, explique Michel Bouchard. Ça nous permet de mieux répartir les coupes dans le temps et dans l’espace, de modérer l’intensité de récolte, en laissant de la forêt résiduelle, ce qui améliore le paysage ». 

Sur ce parterre de coupe, AGIR teste un nouveau marché, en récoltant les cimes d’épinette noire pour Labrador Production, qui produit des huiles essentielles. 

Ce dernier ajoute qu’AGIR collabore de près avec le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs, pour faciliter le travail d’harmonisation, qui est particulier près des communautés. 

Pour ses opérations, AGIR travaille avec des entrepreneurs forestiers qui possèdent trois équipes de récolte, en plus de planifier le transport en partenariat avec la coopérative forestière de Girardville.

Outre son mandat d’entrepreneur général en foresterie, AGIR offre également des services techniques et professionnels à d’autres entreprises, par exemple des services forestiers pour la scierie Opitciwan et pour la MRC du Domaine-du-Roy. AGIR fait également des projets de foresterie urbaine, d’agroforesterie, d’agroenvironnement, de gestion environnementale et biodiversité et d’aménagement récréotouristique. 


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